La préparation mentale

Réconcilier performance et développement de la personne

La pratique de la préparation mentale nécessite de se fonder sur une éthique. Comme l’explique le philosophe Robert Misrahi « l’éthique se pose la question de savoir comment vivre, comment orienter notre action et notre relation aux autres ».

Dans la mesure où l’on reconnaît à la préparation mentale une visée éducative, notamment envers les plus jeunes, il semblerait justifié de placer le développement de la personne au centre d’une telle éthique. Toutefois, dans la conception courante de la performance, la considérant comme une chose en soi, c’est l’optimisation de celle-ci qui passe au premier plan. Dès lors, on comprendra que le développement de la personne puisse être relégué d’une façon plus ou moins explicite au second plan.

La définition de la performance que propose François Bigrel pose les bases d’une véritable éthique réconciliant performance et développement de la personne. La performance y devient facteur d’accomplissement de l’individu dans l’expression de sa singularité. L’éthique qui s’en dégage semble être la mise en œuvre de la conception de Robert Misrahi pour lequel « il n’y a pas d’autre éthique qu’une éthique de la joie ».

Le bonheur d’être suppose d’abord que, par une conversion et un travail réflexif, on se soit rendu parfaitement autonome. La fondation de soi par soi est le premier moment de l’instauration du bonheur. La joie de fonder, de se fonder, et donc de « se créer » est la joie initiale de la liberté. Celle-ci est commencement et non pas terme final. La fondation de soi est l’acte premier du recommencement de la vie.

(Robert Misrahi, 100 mots pour construire son bonheur, Le Seuil, Paris, 2004, p. 70)

Appréhender la situation dans toute sa complexité

De même que François Bigrel nous invite à ne pas considérer la performance comme une chose en soi dont le sens serait donné de l’extérieur, il importe d’étendre cette précaution à l’état de flow qu’on ne peut réduire à sa description. Ni les dimensions attribuées au flow, ni les facteurs de la performance ne constituent de réalité en soi. Les étiquettes que l’on pose sur la réalité pour mieux la comprendre et mieux la « gérer » nous empêchent d’en percevoir toute la complexité tant nous sommes persuadés qu’elles sont la réalité.

Libérer le potentiel créateur de la situation

Afin de libérer le potentiel créateur d’une situation, l’expérience de l’artiste et la relation qu’il entretient avec le monde qui l’entoure peuvent être pour nous une source d’inspiration dans la construction d’une attitude juste.

L’art n’est pas la simple reproduction d’une réalité donnée, toute faite. C’est l’une des voies qui mène à une vision objective des choses et de la vie humaine. Ce n’est pas une imitation mais une découverte de la réalité. Cependant, la nature que nous découvrons à travers l’art n’est pas celle dont parle le savant. […] Le langage et la science sont des abréviations du réel ; l’art est une intensification du réel. Langage et science se fondent sur un seul et même processus d’abstraction ; on peut décrire l’art comme un processus de concrétisation.

(Ernst Cassirer, Essai sur l’homme, Les Editions de Minuit, 1975, cité par André Comte-Sponville dans « Pensées sur l’art », Albin Michel, 1998, p. 26)

Lien vers « Mon parcours »

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